• 13.07.2022

    [ARTICLE] La perception du soin dans les techniques dites non conventionnelles au regard de la médecine

    Cet article est le premier d’une série qui vise à convoquer l’avis de spécialistes (médecins, chercheurs, sociologues…) à propos des méthodes dont le champ d’application n’est pas reconnu comme issu d’un apprentissage médical.

    « Un piment vous brule et pourtant votre bouche entière demeure à 37 ° », il s’agit donc de la sensation en elle-même qui vit en nous comme un principe de réalité. C’est à travers ce « piment », que nous sommes partis à la recherche de l’exploitation par la science de ce qui est à l’origine de la sensation et ce que des méthodes comme l’hypnose, le magnétisme, le langage même, prennent comme place dans l’idée de la guérison.

    C’est à partir d’une émission de France Inter diffusée le 2 juillet 2022 , les Savanturiers que nous avons articulé notre propos.
    Le langage et sa réalité curative est venu se placer au cœur même du débat, les invités et plus particulièrement le professeur de médecine interpelle sur le fait que dans le cursus de médecine la nécessité de l’échange devrait être prépondérante dans le processus de guérison. Selon lui, les thérapeutes ont pris une place nécessaire, que la médecine abandonne de plus en plus, faute de moyen, de temps et d’apprentissage. N’oublions qu’aujourd’hui une relation thérapeutique réussie est à 50 % responsable du circuit de guérison chez le patient.
    Pour Bruno Falissard, professeur de médecine, cela peut procurer un bienfait psychologique. Le fait de parler, d’être touché peut faire du bien. Cela peut contribuer au bien-être, ne serait-ce que le fait d’être écouté également. Selon lui, ce sont aussi des choses que la médecine traditionnelle n’a parfois plus le temps de faire.

    Interrogé sur le travail des coupeurs de feu un enseignant de « la pensée critique » à Grenoble, après avoir rencontré des dizaines de pratiquants et de sujets arrivent à cette conclusion. Pour les brûlures, Richard Monvoisin avance une explication de la réussite des coupeurs de feu :
    "En général, ce sont des brûlures du premier degré et deuxième degré léger qui sont particulièrement douloureuses et qui sont souvent bénignes. Ce qui fait que c'est ce public-là qui est surreprésenté dans l'appel aux barreurs de feu, puisque ceux qui sont brûlés de manière plus grave sont généralement évacués par le SAMU ou vers les hôpitaux alentours. Et donc, ce sont les gens qui ont des brûlures de premier deuxième degré légers qui appellent. Ensuite, on se rend compte que pour une brûlure du premier degré ou deuxième degré léger, la douleur s'éteint au bout de trois-quarts d'heure, mais cela, quoi que vous fassiez. Avec cela, on recouvre à peu près le phénomène. Pour les traces à long terme, les gens disent : 'oui, je n'ai plus de traces, donc ça prouve bien que ça fonctionne'. Mais en fait non. Les brûlures de premier degré et deuxième degré léger ne laissent pas de traces."

    Pour les magnétiseurs, il existe des études pour mesurer l'efficacité (mais pas pour les coupeurs de feu). Pour Richard Monvoisin, il n'y a jamais eu aucune démonstration formelle d'une capacité à détecter un fluide. Le chercheur avance alors des explications, quant aux possibles résultats :
    "Je pense que tout ce qu'on voit en soins de magnétiseurs, on les prête bien souvent à des guérisons qu'on considère comme évoluant spontanément ou à ce qu'on appelle des régressions à la moyenne, c'est-à-dire que quand on a très mal, pour une maladie chronique, par exemple quand vous avez mal au dos, généralement les gens consultent au moment du pic de douleur. Et puis le mieux-être vient après. Mais ce n'est pas du fait du thérapeute qu'on a rencontré, mais bien de la régression vers la position moyenne, entre le pic de douleur et un état sans douleur."
    Pour Bruno Falissard, on ne met pas assez d’argent sur les études : "Du coup, nos patients vont voir des magnétiseurs qui parfois font du bon boulot, parfois s'en prennent à votre portefeuille ou vous écartent du système de soins habituel."
    Des exemples marquants, saisissants sont narrés, observés dans le cadre d’études des invités. Pour en savoir plus, écoutez l'émission dans son intégralité ici.

    Les invités :
    •    Fanny Charasse, docteur en sociologie, auteure d'une thèse sur le magnétisme et le chamanisme
    •    Bruno Falissard, professeur à la faculté de médecine de Paris-Sud, membre de l'académie de médecine, auteur d'un rapport sur la place de l'irrationel en médecine
    •    Richard Monvoisin, enseignant-chercheur en pensée critique à l'Université Grenoble-Alpes