• 10.03.2022

    [EN SEANCE] La compulsion alimentaire 

         -    "J’ai beaucoup de mal à résister à des compulsions alimentaires, dit Kevin R d’un ton désabusé, les yeux rivés sur le canapé.
         -    Qu’appelez-vous des compulsions alimentaires ?" Le thérapeute va, par le biais d’un type de questionnement adapté faire émerger des précisions quant à la demande de Kevin.
         -    "Cela n’a pas de rapport avec la faim, je peux rentrer du travail et me jeter sur un paquet de gâteau que je peux manger entièrement." Kevin R. va ainsi passer en revue plusieurs moments où ce qu’il appelle les compulsions vont être présentes. Il va même, à la demande du thérapeute, dater le début du problème. 
         -    "Qu’éprouvez-vous après ?" Le thérapeute pose des questions courtes et ouvertes qui laissent le temps au patient de pouvoir se saisir de sa réponse.
         -    "Une grande culpabilité !
         -    Et que faites-vous de cette culpabilité ?" Le thérapeute enchaîne rapidement, ce qui permet à Kevin de se mobiliser inconsciemment pour vivre en pleine conscience ce qu’il dit.
         -    "Je mange... " la réponse de Kevin le désespère 

    Ce dialogue est très fréquent dans nos cabinets d’hypnothérapie. Le thérapeute va chercher à faire décrire un processus pour proposer au sujet, librement, d’accéder à la conscience du processus. Souvent, la compulsion alimentaire a un lien avec la frustration, et le comblement compulsif de la frustration par un excès de nourriture soudain va déboucher sur une culpabilité, qui elle-même va recréer un phénomène de frustration. 

    Quand le principe de frustration peut-il se mettre en place ?

    La plupart du temps, comme souvent en ce qui concerne la psychè, c’est pendant l’enfance que va s’ancrer le système. On va imaginer l’histoire du petit Kevin en CE1 qui a reçu pour son anniversaire un magnifique stylo aux couleurs de ces héros de séries, de la part de son papa. Le drame que va vivre le petit Kevin est pour lui de l’ordre de la tragédie : il va perdre son stylo (frustration) un mercredi matin et va s’en rendre compte en début d’après-midi en voulant faire ses devoirs. Sa grand-mère qui le garde cette après-midi là va souhaiter détourner son attention et la fixer sur un autre stimulus : celui de la gourmandise . Devant une boulangerie alors que celui-ci est inconsolable, elle va proposer à Kevin son dessert préféré : l’éclair au chocolat. Ils vont finir par s’installer à l’intérieur de la boulangerie et Kevin va finalement après avoir été surpris que la réponse à son stylo perdu soit un éclair au chocolat (sidération), apprécier le dessert jusqu’à oublier le drame précédent. L’histoire va se répéter pour Kevin autour de la nourriture (participer à la cuisine, fêter un élément, noël, anniversaire, crêpes, sa nourriture préférée pour soulager une problématique…). Tout cela va finir par former un ancrage et une croyance inconsciente : s’il y a frustration répétée, il y a nourriture.

    La nourriture en Occident est souvent considérée comme un objet de récompense, de compensation et de plaisir.
    Alors pourquoi compulsif ? La compulsion va agir au niveau de l’inconscient comme un système de refoulement, présent dans le rôle de l’inconscient, et parce qu’il n’y a pas assez de libération progressive des frustrations (capacité de dire non, affirmation du soi, estime de soi…) la volonté de combler est brutale.
    Dans le cadre de l’hypnose, l’accompagnement est souvent basé (outre le stop à la façon de se nourrir compulsivement) sur une augmentation du sentiment de confiance, liée à une meilleure affirmation du soi, acceptation de dire non tout en intégrant aussi la réaction de notre environnement à notre refus.